Témoignage de Laurie, maman de Clément, décédé le 28 août 2013, mis au monde le 30 août 2013

Nous avons appris le décès brutal de Clément un mercredi suite à une échographie. L’équipe médicale nous a expliqué le déroulement des jours qui allaient suivre (mon accouchement allait donc être déclenché 48h plus tard).
Pendant ce temps, nous pouvions téléphoner autant de fois qu’on le voulait à la maternité afin que les sages-femmes répondent à nos questions. Tout le monde était très à l’écoute et prévenant. On nous a entre autre dit que des photos seraient prises par une sage-femme, et qu’on nous remettrait les empreintes de notre enfant.
Le jour J, après l’accouchement, notre bébé dans les bras, notre sage-femme qui nous a accompagnés avec bienveillance, compassion, d’une façon merveilleuse, nous demande si on a un appareil photo… Mon mari et moi échangeons un regard, moment de… panique !
Déstabilisés, décontenancés, nous réalisons que nous avions mal compris, que c’était à nous de prévoir de quoi prendre des photos. Heureusement, mon mari a un téléphone qui offre des photos de relativement bonne qualité.
Notre sage-femme en prendra 7. Elles se ressemblent beaucoup, en réalité il n’y en a que 3 réellement différentes. Les positions varient peu, les visages également, forcément. Nous voyons celui de notre fils plutôt de loin, avec ma main perfusée sur son corps recouvert du drap de la table d’accouchement. Mais au moins, nous sommes à trois dessus.
Contrairement aux photos prises par une sage-femme, quelques heures/jours (?) plus tard où Clément apparaît de très près, flou, mal éclairé, du sang sur son petit col de pyjama.
J’aurai aimé avoir des photos de plus près, mon bébé dans d’autres positions, ses mains, ses pieds, tous ces petits détails qui nous ont échappé pendant ces 3 uniques heures trop rapides passées avec lui.
L’équipe a vraiment été d’un soutien inébranlable. Je pense cependant que chaque membre gravitant autour de cet accompagnement du deuil périnatal ne réalise pas forcément le pouvoir de ces photos, en positif comme en négatif et la place qu’elles peuvent avoir maintenant dans nos vies.
C’est maintenant la seule manière concrète de présenter notre enfant à nos proches, d’être réunis tous les trois et de faire connaître notre aîné à ses futurs frères et sœurs.
Ma mère m’a dit après coup qu’elle pense se souvenir avoir eu son appareil photo dans son sac… mais jamais, dans un tel moment, elle n’aurait osé demander/proposer de faire des photos. C’était déjà tellement une chance pour elle d’être là et de pouvoir rencontrer son petit-fils.
Les équipes peuvent alors, si elles sont alertées, formées, sensibilisées, être un magnifique soutien pour les parents endeuillés qui sont, à ce moment précis, plus que sous le choc et ne pensent ni à tout cela ni à se projeter.
Nous avons eu la chance, par la suite, de rencontrer Hélène Delarbre, présidente de l’association Souvenange Photographie France. Elle a accepté de rendre nos photos plus douces, plus faciles à partager et à regarder. Des couleurs plus jolies, moins de flou, du noir et blanc pour adoucir. Pour rendre hommage comme il se doit à notre fils, dont les photos resteront à jamais l’unique souvenir physique de son passage parmi nous.